— Par Rémi Astruc
Presque rien… une petite signature à apposer au bas d’une feuille, si on le veut bien. Voilà en quoi consiste l’expérience proposée par Adrian Piper dans son installation-performance intitulée The Probable Trust Registry (inaugurée en 2014 à Berlin). Même pas vraiment de quoi se donner le frisson de rejouer Faust, tant le pacte peut sembler minimal en comparaison de celui qui menait à la damnation éternelle. Mais un pacte quand même, avec ses conséquences, et pourquoi pas pour le restant de la vie… si on le veut bien. Si l’on accepte de signer et ensuite de s’y tenir.
Beaucoup de « si » en vérité, mais c’est bien sûr cette minuscule pression qui est tout l’enjeu de ces contrats imaginés par Adrian Piper et l’intérêt de l’installation. Ce ne sont pas vraiment des contrats contraignants, ils n’obligent guère que soi-même et n’ont évidemment aucune sorte de valeur légale, même s’ils sont enregistrés dans des conditions proches des « vrais ». En fin de compte, ils n’engagent pas plus que les bonnes résolutions de début janvier, souvent abandonnées quelques jours, voire seulement quelques heures plus tard.
C’est pourquoi l’appareil un peu terrifiant des grands tribunaux est là pour rehausser le peu d’enjeu de l’acte : des grandes salles vides au plafond très haut et trois bureaux monumentaux qu’on croirait tout droit sortis du Brazil de Terry Gilliam ou du moins du siège de quelque grande banque d’affaire, derrière lesquels se tiennent des clercs en costume, toujours un peu inquiétants même avec —surtout avec — un sourire avenant. C’est le frisson bureaucratique de l’engagement sur 20 ans pour rembourser la maison ou celui de jurer solennellement sa fidélité à son futur époux, plus que celui de jouer avec Méphistophélès.
Mais —cela doit bien arriver— les bonnes résolutions sont sans doute parfois tenues héroïquement sur le temps long. Sur une vie entière ? Dans tous les cas, cette possibilité existe suffisamment ici pour laisser chacun entrevoir, dans le moment de la signature, la perspective de transformations réelles de ses habitudes, c’est-à-dire de son être profond.
Comme s’il nous avait manqué jusque là, semble penser l’artiste, uniquement l’étincelle initiale —cette toute petite pression que procure justement Adrian Piper par son installation— pour qu’il ne tienne ensuite qu’à nous de nous y conformer, à ces engagements, que l’on souhaiterait peut-être sincèrement, au fond, pouvoir tenir. En l’occurrence : se transformer en des êtres fondamentalement moraux, à une époque où, pour paraphraser Benjamin, « le cours de la moralité a chuté », du moins où il n’est pas au mieux, comme en attestent les nombreux exemples de comportement scandaleux au plus haut sommet des États.
Alors à quoi se voit-on tenu si l’on a choisi de signer ? D’abord, car il y a un ordre dans l’installation, qui fait que l’on s’approche de trois bureaux en commençant par celui au-dessus duquel est écrite la maxime suivante, à ceci :
#1 I WILL ALWAYS BE TOO EXPENSIVE TO BUY
(« Je serai toujours trop cher pour qu’on puisse m’acheter. »)
Cette maxime, qui place l’argent en rival principal de la morale, est celle d’une société ultra-capitaliste comme seule l’est sans doute la nôtre, une société où tout semble à portée à qui a les moyens. Largement partagé, cet engagement fournirait à l’évidence une solide borne morale à la toute puissance du marché qui semble aujourd’hui n’en connaître aucune. Évidemment, elle s’impose comme un garde-fou minimal, voire la condition de bon sens pour qu’une vie en société non égalitaire puisse malgré tout s’équilibrer un tant soit peu, en dépit de cette inégalité : elle reflète la recherche d’une harmonie possible malgré les différences de moyens.
Que l’on songe à ces experts subornés par les groupes pharmaceutiques pour pouvoir continuer à empoisonner les gens, à ces victimes de crimes dont le silence est acheté par les puissants pour pouvoir continuer à vivre au-dessus des lois communes : il devient vite évident que ce principe est un principe élémentaire de bonne santé sociale.
#2 I WILL ALWAYS MEAN WHAT I SAY
(« Je penserai toujours sincèrement ce que je dis »).
Ce deuxième engagement est un engagement à la consistance de la parole, contre donc les paroles en l’air, ou les purs bavardages, également contre le « show » spectaculaire qui promet tout sans penser une seconde à ce qu’il promet. C’est donc cette fois la maxime régulatrice d’une société du « spectacle » encline à tous les excès comme l’est, là encore, la nôtre… Il s’agit d’un engagement sans doute plus lourd qu’il n’y paraît et difficile à tenir sans renoncer à une bonne partie de nos interactions sociales faites de mensonges, de fanfaronnades, de projections ludiques ou imaginaires. Mais plus certainement faut-il comprendre cet engagement comme devant être restreint aux seuls moments de parole « sérieuse », où il devient alors interdit de dire n’importe quoi, de parler à tort et à travers. C’est la parole politique qui semble directement visée ici : pas d’engagements ou de promesses qui ne seraient pas sérieusement envisagées, pas de « baratin », de « fake news » ou autres manœuvres bassement électoralistes par exemple. Soit dépasser la facticité du langage et du « spectacle » pour redonner de la solidité à nos interactions sociales.
#3 I WILL ALWAYS DO WHAT I SAY I AM GOING TO DO
(« Je ferai toujours ce que je dis que je vais faire »)
Tenir ses engagements. C’est bien sûr le substrat minimal sur lequel se fonde la possibilité même de signer des contrats, la condition pour être jugé en capacité et donc se voir tout simplement « habilité » à contractualiser. Il y a bien sûr quelque chose de tautologique dans cet engagement à respecter ses engagements. Mais c’est sans doute parce qu’il apparaît aujourd’hui absolument nécessaire de contractualiser cette condition préalable même, afin d’être véritablement considéré comme apte à participer à toute forme de contractualisation. C’est donc là encore la condition absolument nécessaire à toute socialité entre des hommes, bannissant le risque de tricherie, la tendance à la légèreté ou à la procrastination par exemple. Après la parole, l’action est le terrain où se construit concrètement la communauté, où l’entente entre les hommes prend forme et se mesure. Il est donc essentiel que les promesses soient effectivement tenues et suivies d’actes. C’est cette fois la maxime d’une société de bâtisseurs et d’entrepreneurs, soit d’une économie qui entend pouvoir prospérer. La croissance — on le sait — est avant tout une question de confiance…
Or les trois engagements contractuels d’Adrian Piper entendent justement formaliser les principes d’une société qui, basée sur une confiance mutuelle renforcée, pourrait potentiellement « fructifier » au-delà de ce que permet l’interaction d’individus que ne relie aucun ancrage moral fort. C’est donc d’abord sur les bases d’une moralité économique individuelle renforcée (explicitement via la première maxime consacrée à l’argent, mais aussi, comme on l’a montré, par les deux autres), que l’installation imaginée débouche ensuite sur un projet trans-individuel plus global, un projet d’ingénierie sociale.
Une « communauté de personnes en qui il sera possible d’avoir confiance à l’avenir »
Dépassant le simple regroupement d’individus mus par leurs intérêts égoïstes et à la moralité peu fiable, cet ensemble de personnes minimalement engagées envers les autres autorise à parler de « communauté », au sens traditionnel de la sociologie (de Tönnies ou Weber) qui fait de cette dernière, à la différence de la « société », un mode privilégié de relation à autrui, caractérisé par une solidarité organique et un vivre-ensemble pensé comme plus intense et plus chaleureux. De son côté, l’artiste commente la portée de son œuvre en déclarant que les signataires formeront une « communauté de personnes en qui il sera possible d’avoir confiance à l’avenir » (« likely to be trustworthy in the future »). Il s’agit donc bien pour Piper de faire apparaître, ou plutôt de créer de toutes pièces, une société « améliorée » uniquement constituée de personnes en qui la confiance est possible. Bien sûr, cette confiance (« trust ») reste uniquement « possible » ou au mieux « probable », et jamais tout à fait certaine. Mais l’engagement librement contracté est justement ce qui doit faire passer de la possibilité de se faire confiance à la probabilité que cette confiance ne soit pas trahie. La signature des contrats par une partie du public (l’autre partie préférant effectivement de ne pas signer) donne de fait naissance à un sous-ensemble de « contractants » qui choisissent de se faire confiance, et d’abord peut-être à eux-mêmes, et ensuite d’établir cette confiance entre eux sur la base de cette auto-sélection. D’où le titre de l’installation : « Le Registre de la confiance probable », puisqu’un registre de cette confiance est effectivement tenu, que matérialise l’exemplaire du contrat remis à toutes les « parties ».
Mais l’auto-sélection distingue-t-elle pour autant les plus moraux parmi les visiteurs ? Rien n’est moins sûr. L’astuce réside cependant dans le fait qu’à la différence du monde réel —soit hors les conditions de « laboratoire » quasi-pures de cette installation artistique—, rien n’oblige ici les contractants à se déclarer de haute moralité. En effet, extraits des pressions de la vie courante, par exemple du besoin de contracter des emprunts pour financer ses projets, de cohabiter dans un espace ou de socialiser dans une institution avec des inconnus (en signant un code de bonne conduite au sein de son université parce qu’on veut un diplôme[1], en acceptant les conditions d’utilisations d’un logiciel parce qu’on a envie d’écouter de la musique ou d’éditer ses photos de vacances ou en respectant les règles de circulation liées au code de la route parce qu’on a besoin de se déplacer en ville par exemple), les contractants ne s’engagent ici que parce qu’ils souhaitent vraiment cet engagement lui-même. Ils peuvent très bien passer leur chemin et beaucoup le font effectivement. On peut dès lors penser que ceux qui choisissent de signer sont véritablement motivés par un tel engagement.
On pourrait objecter cependant que d’un point de vue strictement utilitariste, les personnes qui signent ces contrats ont néanmoins toujours un intérêt à le faire, car elles peuvent en espérer un gain annexe : celui de se voir et de se savoir comptées au nombre des personnes à la « moralité supérieure » et donc d’appartenir à cette « communauté des meilleurs », avec, outre l’autosatisfaction que cela peut immédiatement procurer, à terme tous les avantages réellement ou potentiellement associés à cette situation (des relations de confiance dans les échanges avec les autres membres, et éventuellement plus tard un prêt à taux préférentiel par exemple[2]). C’est là que l’expérience touche à ses limites : parce qu’on a intérêt à faire partie de ce groupe « d’élite », rien n’empêche que quelques menteurs sans scrupules se glissent dans le groupe sur la foi d’une simple déclaration d’intention. Mais ce qui motive les contractants est aussi l’espoir simple et facilement imaginable d’accéder tout simplement à un monde où les hommes seraient plus vrais et plus justes. Qui dans ce cas ne le souhaiterait pas, si c’est la garantie de relations plus sincères et donc potentiellement plus faciles avec ses semblables ?
On objectera ensuite que les signataires ne sont autres que les visiteurs de la galerie ou du musée, soit des personnes qui ont le désir d’une expérience artistique avant tout (ce pourquoi ils sont effectivement venus). Comment cela entre-t-il en concurrence avec l’engagement éthique qui est sollicité ? Cela incite-t-il certains à le sous-estimer, voire à le dévaluer ? à moins au contraire que cela ne lui donne une valeur supplémentaire ? Difficile d’oublier en effet que nous sommes bien dans le cadre d’une « performance ». La polysémie de ce terme est d’ailleurs utile à rappeler, puisque plusieurs sens se trouvent précisément superposés ici, et jusque dans leur éventuelle contradiction : celui d’acte ou action artistique, dans un lieu d’art et mis en scène par une artiste reconnue, et le sens de performativité (au sens des linguistes et d’Austin en particulier) qui désigne l’opération symbolique, par le langage ou des actes, par laquelle est instituée une distinction sociale forte entre des êtres, semblable en cela aux rituels de passage.
Dans cette installation, un engagement moral (et social) majeur prend corps par l’accomplissement d’un acte anodin : une signature au bas d’une feuille, associée à la participation à un événement artistique. C’est la double « performativité » de cet acte, à la fois artistique et d’ingénierie sociale, qui transforme le geste a priori insignifiant et minimal (la signature) en un acte d’une portée existentielle considérable (l’engagement), comme dans d’autres contextes la formule rituelle prononcée à l’église ou au tribunal institue un changement d’état radical et pourtant imperceptible : le passage du statut de « célibataire » à celui de « mari » ou « femme », celui de personne présumée innocente à coupable. Toutes ces transformations sociales sont naturellement toujours accompagnées d’un appareillage esthétique (on s’habille aves ses plus beaux habits pour un mariage, on dansera après la cérémonie, etc.) ; la spécificité est ici cependant que la superposition entre la performativité sociale et la performance artistique est totale.
« En cliquant, je reconnais avoir lu et accepter les conditions d’utilisation… »
C’est dire que le geste artistique proposé par Piper, dans sa dimension individuelle comme dans son ambition socio-génétique ou socio-poïétique, entend manifestement suppléer la quasi-disparition de l’engagement moral dans les conditions pourrait-on dire « normales » ou « naturelles », c’est-à-dire extra-artistiques, de l’existence : on est rarement amené de nos jours à réfléchir, encore moins peut-être à concrétiser de tels choix tout seul. Piper fournit donc l’occasion et le cadre de tels engagements.
Deux raisons à cette situation, semble-t-il. D’abord, l’évolution générale de nos sociétés individualistes capitalistes sécularisées —les trois sont liés— qui fait que ce type de grande décision morale n’est presque plus jamais envisagée (ni même réfléchie ou préparée[3]), à la différence de ce qui se produit lorsque la religion encadre encore largement l’action des individus comme des populations. Les questions morales ne sont ainsi presque plus jamais tranchées par des positions éthiques générales adoptées au préalable. C’est donc presque toujours sur le moment que les décisions sont prises et donc en fonction chaque fois des situations particulières qui requièrent ces décisions. Ainsi les conduites morales sont nécessairement plus fluctuantes puisqu’elles ne sont pas dictées par des engagements pris a priori, dépassionnés et détachés des cas concrets. Le cadre de l’installation de Piper fournit bien en ce sens les conditions désormais largement absentes d’une réflexion propice à un véritable engagement éthique général.
Ensuite, il se trouve que l’absence de cadres moraux généraux s’accompagne aujourd’hui de la multiplication de micro-engagements contractuels largement forcés d’une part et d’autre part de leur invisibilisation systématique, puisque ceux-ci sont designés de manière à être largement indolores. Les clics pour prendre connaissance et accepter les CGV (conditions générales de ventes) ou les conditions d’utilisation des outils mis à notre disposition sont l’exemple évident de la multiplication contemporaine des micro-contrats qui pullulent désormais dans notre vie. Mais ils sont bien entendus conçus et mis en scène de manière à inhiber presque toute pression morale et court-circuiter toute réflexion sur nos actes et leurs conséquences. C’est-à-dire qu’ils font toujours en sorte d’assurer et de préserver la consommation maximale de biens et de services, quelles qu’en soient les conséquences, notamment morales. Signer sans mûrement réfléchir est ainsi strictement parallèle et souvent concomitant à payer sans douleur : un clic suffit dans les deux cas, souvent le même d’ailleurs. Ces micro-engagements permanents fonctionnent donc exactement à l’inverse des engagements généraux a priori qui construisent une conduite morale et des êtres moraux. La multiplication et l’invisibilisation des micro-contrats indolores construisent à l’inverse des êtres amoraux. L’art de Piper a au moins le mérite d’exhiber par contraste et de façon monumentale cette amoralité des existences contemporaines.
* * *
Que faire en définitive de cette expérience de morale médiatisée par l’art et jusqu’à quel point doit-elle être prise au sérieux ? Ne constitue-t-elle pour les participants qu’une parenthèse ludique, le frisson momentané d’un « et si » (je m’engageais…) ? La réponse a cette question est difficile car c’est aussi la réponse à la question du pouvoir de l’art et de sa fonction possible (probable ?) dans nos existences et nos sociétés aujourd’hui.
Ce qui est sûr c’est qu’il y a quelque chose de grandiose dans la création de ce groupe de « personnes de confiance » et en même temps de profondément déceptif, notamment du point de vue perceptif, donc esthétique. Pas grand chose à faire ou à voir en effet dans cette installation, hormis le décor monumental qui confère la solennité bureaucratique à l’expérience. Mais la performance reste volontairement minimale, même si elle se veut marquante. Précisément : le participant peut cependant contempler grâce à cette installation le vide abyssal (et l’immense solitude ?) de l’engagement éthique, et il y a quelque chose de proprement vertigineux dans cette absence presque disproportionnée de tangibilité et de visualité de l’engagement moral. Comme si elle s’accompagnait d’une forme de voile jeté sur tout le visible et l’ici-et-maintenant : pour toucher au futur comme probabilité.
L’irreprésentabilité même de la Communauté (son « retrait », pourrait-on dire, qui ne laisse place qu’à un affect, celui de l’aspiration à former celle-ci[4]) à laquelle accède ici le signataire est sans doute l’unique chose que permet de contempler cette installation, chose paradoxalement très artistique peut-être. La pure « intériorité » de la Communauté, comme le spectacle pour chacun de sa moralité potentielle, est ce que le contractant se rend à même de percevoir, et cette vision peut effectivement se révéler sublime et aveuglante.
Un dernier point mais non négligeable à propos de cette œuvre : il est troublant que ce soit à l’art — un art minimaliste, à peine de l’art diront certains — qu’est confié ici le soin d’opérer la transformation du quidam en personne morale. Qu’une impulsion esthétique (qu’on peut d’ailleurs interpréter comme intrinsèquement parodique, tant l’art est souvent valorisé en tant qu’il se moque des règles, n’obéit à aucune loi, surtout pas morale) soit ici à l’origine du processus éthique ne peut qu’interroger. Comme s’il revenait à l’art aujourd’hui, à la fonction esthétique[5] donc, de déclencher l’engagement éthique d’une partie des hommes qui, sans lui, ne s’engage pas dans la voie d’un comportement moral, c’est-dire d’un comportement social « positif ». Mais avoir participé a la performance d’une célèbre artiste, n’est-ce pas ce que retiendra une bonne partie des visiteurs, lesquels étaient venus pour cela après tout, plus que les bonnes résolutions à devenir un être moral ? C’est toute l’ambiguïté de l’art, de pouvoir changer radicalement la vie d’un être ou bien d’être traversé par celui-ci comme une expérience ludique, plaisante et passagère. L’exemplaire du contrat qui sera conservé pourra toujours témoigner de l’un ou de l’autre pour le signataire : du jeu sans conséquence d’un instant ou de la promesse inébranlable d’une vie.
Pour citer cet article: Rémi Astruc, « À propos de The Probable Trust Registry, de Adrian Piper », CCC [en ligne], 01/03/2020, site consulté le https://wordpress.com/page/communautedeschercheurssurlacommunaute.wordpress.com/3235
[1] Ce type de contrat s’est fortement développé ces dernières années au sein des usagers de l’université : de la charte des thèses (pour le doctorant et ses encadrants) à l’engagement « anti-fraude » de tous les étudiants avant les examens (« charte des examens » contre le plagiat ou les tricheries), en passant par les « modalités de contrôle des connaissances » et les mesures anti-harcèlement, ces contrats visent eux aussi à l’établissement de communautés potentiellement « morales » mais sous la pression constituée par le fait que les étudiants veulent un diplôme et les personnels un salaire…
[2] On connaît ce système de plus en plus pratiqué par les assurances et désormais les Etats : par exemple des primes aux bons conducteurs, des réductions pour certaines parties de la population en fonction de critères comme l’âge, le sexe, la nationalité, etc. , ou selon le bon « bilan social » des personnes, comme en Chine. Nous sommes bien dans un système de moralité foncièrement capitaliste.
[3] Quand elle existe, l’instruction civique ou morale à l’école (publique comme privée) est souvent réduite à une dimension ridicule et toujours largement non contraignante.
[4] Voir notre essai, Nous ? L’aspiration à la Communauté et les arts, (préface de Jean-Luc Nancy), Versailles, RKI Press, 2016
[5] Esthétique largement in absentia donc, pour une communauté « imaginée » et une expérience artistique très largement suggérée plus que manifeste.